Le château
On peut avoir une idée du caractère dissuasif du château en venant de l’ancienne route de Dieulefit, qui était la route habituelle avant le 20ème siècle. Il reste le donjon (10ème /11ème siècle ?) situé très près de l’à-pic rocheux et dont l’entrée devait se faire au premier étage par un balcon de bois facile à ôter en cas d’attaque. L’étage inférieur était dévolu aux provisions et pouvait servir de cachot à l’occasion. Au premier étage se trouvait l’aula, salle seigneuriale. Une muraille cernait le donjon puis une basse-cour entourait le tout avec une palissade.
Au 13ème siècle s’opère un changement décisif : reporter la défense sur le mur qui entoure la basse-cour en le fortifiant, le flanquant de tours saillantes. En parallèle on agrandit le logis seigneurial. Les murailles entourant la plate-forme du château de Condorcet, au sommet, datent certainement de cette époque, il en reste une tour, la courtine (mur entre deux tours) qui la prolonge et un angle côté nord. La spécialiste du Moyen-Âge M-P Estienne dans son ouvrage Le Moyen-Âge dans les Baronnies attribue ces constructions au 13ème siècle.
Si l’on en croit le Pasteur Arnaud dans son Histoire des protestants, Henri de Caritat, seigneur de Condorcet, « se déclare favorable à la Réforme en 1561 ». Malgré cela, le seigneur de Montbrun, terrible chef protestant, prend le village de Condorcet en 1573 mais échoue devant le château défendu par des canonnières. Les remparts du vieux village sont démolis selon l’ordre de Louis XII en 1622.
Ressources et vie quotidienne à Condorcet
Nous trouvons dans la charte de 956 une description de ce qui constitue la richesse du village : champs, vignes, grenier à farine, force de l’eau puis, dans une autre charte de 999, deux moulins. Il est possible de rapprocher ces deux moulins avec ceux que l’on connaît encore du 17ème au 19ème siècle, tous deux actionnés par l’eau : moulin à blé de la Dame, moulin à olives. L’approvisionnement en eau du vieux village posait problème malgré des citernes au château et plusieurs puits à proximité du village ainsi que deux « fontaines », en réalité des aménagements, l’un de la rivière Bentrix (fontaine du noyer) et l’autre d’une source (fontaine de Pécoule). Le manque d’eau revient souvent parmi les problèmes cités dans les textes communaux du17ème siècle.
D’après ces mêmes textes, les principales ressources agricoles sont : blé, épeautre avec deux aires de battage, culture du chanvre pour les tissus grossiers et la corderie, élevage du mouton (de nombreux cardeurs de laine et quelques tisserands apparaissent dans les archives), des chèvres, des cochons, ramassage des fruits : amandes, noix, raisins, des olives avec une grande activité de pressage, et osier. L’élevage du ver à soie se pratique vers le début du 19ème siècle. Un four à pain existe dans le village, ainsi qu’un four à plâtre.
Les moments importants de la vie municipale sont : les foires établies le 13 janvier, le 16 août et le 12 novembre (jusqu’au début du 20ème siècle), et les adjudications, (tous les ans au 17ème siècle). On met aux enchères du plus offrant le moulinage des olives et la vente du sel par un « regrattier ». Au 18ème siècle, on poursuit les adjudications en y ajoutant le « cloaque » (vaste fosse maçonnée où l’on récoltait les eaux usées du village), ses réparations et sans doute son curage ainsi que l’exploitation des mines de plâtre.
L’événement le plus important pour l’avenir communal est la construction d’une route dans la vallée du Bentrix qui va remplacer l’ancien chemin de Dieulefit passant au pied du vieux village. En 1874 les habitants commencent à démolir leurs maisons pour les reconstruire sur le site du village actuel et dans les vallées proches. Une petite usine de moulinage de soie (actuel bâtiment d’Aube Nouvelle) s’y établit vers 1880, le propriétaire donne les terrains pour l’implantation d’une nouvelle église et en 1892, la nouvelle école sera ouverte.