J’ai dans la tête un vieux manoir
Dont je fus jadis châtelaine.
Près de moi qui filais la laine
Les troubadours venaient s’asseoir.
Ils savaient des chansons de gestes
et de doux gestes pour l’amour,
Quand ils venaient, c’était toujours
De longues soirées de fêtes.
Mon seigneur s’en est allé
A la chasse ou bien à la guerre
Passer le temps à sa manière
O n’en était point désolé.
A la table on faisait bombance,
Joyeusement on s’empiffrait,
Des pichets d’argent, le bon vin coulait,
Dans l’âtre le feu chantait sa romance.
Plus de pont-levis pour aller vers toi,
Les ans t’ont détruit, chateau magnifique.
Je vis maintenant à l’ère atomique,
Regrettant en vain les temps d’autrefois.

Denise VERDUN