Histoire de Antoine de Caritat, marquis de Condorcet
Né à Ribemont (Aisne) en 1743, son père Antoine second fils de Laurent de Caritat fut voué à l’armée et épousa une veuve, Marie Magdeleine Gaudry en Picardie où était basé son régiment. Il perdit son père alors qu’il n’avait quelques mois. Sa mère, très dévote, confia son éducation au collège jésuite de Reims, puis au collège de Navarre, à Paris. Son oncle (le troisième fils de Laurent de Caritat) devenu évêque de Gap surveilla ses études. Les premières distinctions publiques qu’il reçut furent en mathématiques. Quand il eut 16 ans, ses capacités d’analyses furent remarquées par D’Alembert et Clairaut, et bientôt, il devint l’élève de D’Alembert. En 1765, il
publia son premier travail sur les mathématiques, intitulé Essai sur le calcul intégral, qui fut très favorablement accueilli, et lança sa carrière de mathématicien de renom. Le 25 février 1769, il fut élu à l’Académie royale des sciences.
Il se lia d’amitié avec l’économiste Turgot. En 1774, Condorcet fut nommé inspecteur général de la Monnaie par Turgot. Condorcet se vit attribuer des fonctions prestigieuses : en 1777, il fut nommé secrétaire de l’Académie des sciences, et en 1782, secrétaire de l’Académie française. En 1786, il épousa Sophie de Grouchy, la sœur du futur maréchal de Grouchy. Condorcet soutint les idées novatrices des tout récents États-Unis et dans de nombreux ouvrages, il s’intéressa à la représentativité des systèmes de vote. Il proposa son propre système de vote, la méthode Condorcet.
En 1789, lorsque la Révolution éclata en France, l’activité politique de Condorcet devint intense et sont rôle fut majeur. Après la prise de la Bastille en 1789, il fut élu au conseil municipal de Paris. En 1792 il fut élu député de l’Aisne à la Convention nationale. Son influence lui permit de faire adopter, pour le système éducatif de la nation, la notion fondamentale de laïcité de l’enseignement. Il prit une part active à la cause des femmes, en se prononçant pour le vote des femmes dans un article du Journal de la Société de 1789. Condorcet se trouva bientôt en mauvaise posture : deux courants de pensée s’affrontaient : les Girondins et les Jacobins, dirigés par Maximilien de Robespierre. Condorcet, qui faisait partie des Girondins, vota contre l’exécution de Louis XVI, mais ne fut pas exactement partisan de la clémence, en cela qu’il prôna la condamnation aux galères à vie. Les Girondins perdirent le contrôle de l’Assemblée en faveur des Jacobins, en 1793. Condorcet critiqua la nouvelle Constitution proposée par les Jacobins ce qui le fit condamner pour trahison. Le 3 octobre 1793, un mandat d’arrêt était délivré contre lui.
Le 25 mars 1794, il quitta sa cachette et tenta de fuir Paris. Il fut arrêté et mis en prison à Bourg-Égalité (Bourg-la-Reine). On le retrouva mort, dans sa cellule. Les circonstances de sa mort restent énigmatiques (suicide, meurtre ou maladie). À l’occasion des fêtes du bicentenaire de la Révolution française, en présence de François Mitterrand, président de la République, les cendres de Condorcet furent symboliquement transférées au Panthéon de Paris en même temps que celles de l’abbé Grégoire et de Gaspard Monge, le 12 décembre 1989. En effet, le cercueil censé contenir les cendres de Condorcet était vide : inhumée dans la fosse commune de l’ancien cimetière de Bourg-la-Reine –désaffecté au 19ème siècle–, sa dépouille mortelle n’a jamais été retrouvée.